Un duo artistique basé à Milan utilise la couleur pour révéler une série de panoramas oniriques dissimulés dans la lumière blanche

« Les trois couleurs de filtre ne sont pas censées fonctionner de la même manière », explique Carnovsky. « En plus d’avoir des longueurs d’onde différentes, ils ont des significations différentes. Le filtre rouge fait émerger l’un des mondes de manière claire, nette et évidente, cachant les deux autres ; pour nous, c’est comme un état de grand éveil. »

La couche verte est également relativement claire, représentant ici un feuillage verdoyant. Carnovsky considère chaque animal, plante et objet comme un « personnage d’une immense narration ».

Le filtre bleu est plus sombre, plus insaisissable : en La Selva, il révèle des primates qui regardent le spectateur avec curiosité, peut-être sinistrement. « Nous aimons considérer (la couche bleue) comme le monde qui se trouve au plus profond de nous, celui qui est le plus lié à l’onirique », explique Carnovsky. « C’est notre filtre préféré parce que ce monde émerge d’une manière pas si claire, et les gens doivent vraiment se concentrer, se rapprocher, pour percevoir ce qui essaie de sortir, et cela ne deviendra jamais aussi évident, peut-être heureusement. »

Sous la lumière blanche, la fresque est kaléidoscopique. Mais lorsqu’une lumière rouge, verte ou bleue passe sur l’image, une scène différente apparaît : des animaux sauvages exotiques en rouge, une jungle dense en vert, une tribu de singes en bleu. Créée par un duo d’artistes milanais connu sous le nom de Carnovsky, La Selva (« Jungle ») fait partie de leur projet RVB : des installations qui se transforment sous des filtres LED de couleur, exposant des panoramas dissimulés dans une lumière blanche. Le projet, explique Carnovsky, explore l’idée selon laquelle « ce que nous voyons pour la première fois peut cacher d’autres significations ». Les artistes aiment particulièrement utiliser d’immenses copies de gravures des XVIIIe et XIXe siècles pour créer des paysages superposés. Durant ces périodes, disent-ils, les gens pensaient qu’il y avait « encore la possibilité de découvrir de nouveaux mondes » et ils dessinaient des images d’animaux sauvages qui présentaient « un équilibre subtil entre le réaliste et le fantastique ».

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