La série tant aimée de Matthieu Longatte, traversée par de nombreux moments difficiles, revient pour une dernière saison riche en émotions. Dans cette troisième et finale série de l’engagement, « Narvalo » fait le choix audacieux de se tourner vers le drame.
La fin tant attendue
Comment fait-on face à la disparition de personnages que l’on a appris à aimer ? C’est une question que tous les amateurs de séries ont dû se poser en arrivant à la fin d’une œuvre marquante.
En tant que créateur et metteur en scène de « Narvalo », un projet original et décalé, Matthieu Longatte a sans aucun doute réfléchi sur comment mettre en lumière les derniers moments des personnages emblématiques de sa série. Il raconte l’histoire de ces « narvalos », des marginaux ordinaires dont les récits de vie, aussi invraisemblables qu’ils soient, trouvent pourtant écho dans la réalité des banlieues.
Sa réponse est très directe quand la majorité des protagonistes rencontrés au cours des trois saisons se retrouvent pour rendre hommage à l’un des leurs. Pour éviter toute divulgation inutile, nous ne dévoilerons pas l’identité de celui que l’on enterre, mais ce choix, fortement inspiré de la série « Six Feet Under », donne une tonalité très particulière à cette dernière saison. Au fur et à mesure que les situations se déroulent, nous nous préparons aussi à faire nos adieux à ces personnages.
La reprise de personnages
Le retour de nombreux personnages des seize épisodes précédents est surprenamment touchant. Malgré le peu de temps passé avec chacun de ces personnages, chacun d’eux résonne familièrement. C’est le talent de cette troisième saison : en ramenant pour la première fois de nombreux personnages, elle crée des liens plus forts, tant entre les personnages eux-mêmes qu’avec le public, car nous découvrons qu’ils se connaissent souvent déjà.
Pour la première fois également, les épisodes sont interconnectés et doivent donc être visionnés dans l’ordre. Cela permet à « Narvalo » d’entrelacer les histoires et les destins individuels.
Des récits éparpillés de personnages variés tels que Sofiane (joué par Meledeen Yacoubi) et ses problèmes pour obtenir son permis, jusqu’au parcours tragicomique d’un ancien du quartier (Chahine Beriah), en passant par la débâcle de l’appartement de Zoé Marchal, le séjour déconcertant de Marvin Dubart aux urgences et les vacances désastreuses de Déborah Lukumuena.
Une saison plus sérieuse
Tout comme dans les deux premières saisons, les situations complètement loufoques de la série nous font toujours sourire, bien que pour cette dernière saison, le ton se fasse de plus en plus grave à mesure que nous approchons de la fin. Après une deuxième saison discrètement politisée, Matthieu Longatte continue de traiter avec finesse diverses thématiques, telles que le racisme, les ressources limitées des hôpitaux, la crise du logement et le manque de soutien pour les problèmes de santé mentale en France.
Il le fait avec un sens de l’humour décapant et en mettant en valeur le langage argotique et la diversité des jeunesses qui enrichissent constamment ce registre et relèvent le défi de maintenir la richesse de la langue française. Difficile de ne pas percevoir le discours de fin prononcé par Matthieu Longatte (qui continue de jouer dans la série) lors des funérailles comme un appel à plus de tolérance envers cette jeunesse, souvent incomprise ou même dénigrée.
Au final, comme pour toute bonne série, c’est une évidence : ces personnages vont nous manquer.
La troisième saison de « Narvalo » sera disponible à partir du 25 septembre sur CANAL+.
Les deux premières saisons sont également disponibles en intégralité.