Une nouvelle pièce explique comment, malgré les nombreux défis, la célèbre scientifique n’a pas cessé d’être pionnière après son premier prix Nobel.
Après une longue carrière au cinéma, au théâtre et dans des émissions de télévision, notamment « M*A*S*H* » et « Scientific American Frontiers ». Alan Alda a écrit sa première pièce de théâtre complète, Radiance : La Passion de Marie Curie. Il fera ses débuts au Geffen Playhouse de Los Angeles le 9 novembre.
Qu’est-ce qui vous a intéressé chez Marie Curie ?
Ce qui m’a intéressé, c’est que cette partie de sa vie est une histoire tellement dramatique. Mais ce qui m’a retenu et ce qui m’a permis de continuer pendant les quatre années où j’ai travaillé sur la pièce, c’est son incroyable capacité à ne rien laisser l’arrêter. Plus j’apprends, plus je réalise contre quoi elle a dû lutter, et c’est grâce à cela qu’elle est devenue mon héroïne. Pendant la majeure partie de ma vie, je n’ai pas pu dire que j’avais des héros – je n’ai jamais vraiment rencontré quelqu’un comme celui-ci qui était aussi remarquable dans sa capacité à continuer quoi qu’il arrive. Cela m’a vraiment fait un effet.
Comment avez-vous décidé d’écrire une pièce sur sa vie ?
J’ai commencé par penser qu’il serait intéressant de lire ses lettres au Festival mondial de la science à New York, que je participe à l’organisation chaque année. Ensuite, j’ai découvert que les lettres étaient radioactives : elles sont toutes rassemblées dans une bibliothèque à Paris et il faut signer une décharge attestant que l’on réalise que l’on manipule des matières radioactives. Je n’ai tout simplement pas eu le courage de le faire. Alors (en 2008) j’ai monté une jolie pièce en un acte sur Einstein. Mais j’étais tellement intéressé par les recherches sur Curie que j’avais vraiment envie d’écrire sur elle dans une pièce de théâtre complète.
Sur quelle partie de sa vie la pièce se concentre-t-elle ?
Vous pourriez écrire trois ou quatre pièces de théâtre ou films sur différentes parties de sa vie, mais Éclat se concentre sur la période entre les prix Nobel, de 1903 à 1911. Lorsqu’elle a remporté son premier prix Nobel, non seulement ils n’ont pas voulu le lui donner, mais une fois qu’ils ont cédé et ont décidé de lui attribuer le prix avec Pierre Curie et Henri Becquerel, on ne la laissait pas monter sur scène pour le recevoir. Elle dut s’asseoir dans le public tandis que Pierre se levait pour le recevoir pour tous les deux. C’est dur à croire.
Comment Curie a-t-il réagi ?
Au moment où elle a remporté le deuxième prix Nobel, celui-ci en chimie (le premier était en physique), Pierre était décédé et elle était tombée dans une profonde dépression après sa mort. Ce qui l’en a probablement tirée, c’est une liaison avec un autre scientifique qui était aussi un génie : Paul Langevin. L’affaire a fait la une des journaux et Langevin s’est même battu en duel avec le journaliste qui l’a imprimée et qui est dans la pièce. Le comité Nobel lui a dit : « Ne venez pas à Stockholm pour recevoir votre prix, dites-nous que vous le refusez. Vous ne le prendrez pas tant que vous n’aurez pas blanchi votre nom. Et elle a en effet répondu : « Non, je viens à Stockholm, je remporte le prix, alors préparez-vous ! » Cela fait donc une progression spectaculaire dans son personnage, et c’est vraiment agréable de la voir lutter pour atteindre son indépendance.
Combien de Éclat est-ce factuel ?
Un montant surprenant. Tous les personnages sont basés sur des personnes réelles, mais je n’ai pas cherché à être biographique, à l’exception de Marie et Pierre. Les conversations des autres personnages sont imaginées à partir de ce que je sais de leurs actions et de ce que j’ai vu dans leurs lettres. Par exemple, il y a un personnage dans la pièce qui est un journaliste qui est en réalité une combinaison de deux journalistes de l’époque, et quand vous découvrez ce qu’ils ont dit dans la presse, c’est textuellement. C’est incroyable à quel point c’est vicieux : c’est misogyne, antisémite et anti-scientifique. C’est moche.
Vous avez écrit pour les séries télévisées « M*A*S*H* » et « Les Quatre Saisons » et pour des films comme Le mariage de Betsy. En quoi l’écriture d’une pièce de théâtre est-elle différente de l’écriture pour la télévision ou le cinéma ?
Mon expérience est sur scène, donc quand j’écris des films, ils ressemblent beaucoup à des pièces de théâtre. Sur scène, les personnages s’expriment davantage par des mots que par des images. Donc les disputes des personnages et la tension entre les personnages, il faut utiliser des mots pour exprimer cela, et j’aime ça dans le théâtre. Je suis resté sur scène toute ma vie, retenant l’attention du public à travers les mots, donc je pense de cette façon.
Quel a été votre moment préféré dans l’écriture de la pièce ?
L’un des moments les plus excitants pour moi a été la première fois que j’ai vu les acteurs tous en costume à Seattle lors de l’atelier que nous y avons organisé. J’ai eu le même sentiment aujourd’hui en voyant Anna Gunn monter sur scène habillée en Marie ; J’ai dû faire une double prise car elle ressemblait à des photographies de Marie. Mieux encore, elle a l’âme de Marie. Elle est entrée en elle.
Vous contribuez très activement à faire progresser la communication scientifique et à promouvoir la culture scientifique du public. Comment Éclat s’attacher ?
Je pense vraiment qu’il est important que nous tous, qui sommes de simples citoyens ordinaires, comprenions un peu plus la science et la façon dont les scientifiques pensent. Par exemple, si nous essayons de nous protéger contre des erreurs et des programmes de recherche trop agressifs qui pourraient être dangereux, il est très important d’en savoir suffisamment pour pouvoir poser des questions qui vous protégeront réellement. Cela n’aide pas de dire : « Je n’ai jamais l’intention de manger des aliments modifiés. » Il faudrait abandonner le maïs et bien d’autres choses dont vous ne saviez pas qu’elles étaient artificielles.
Qu’espérez-vous que le public retienne de la pièce ?
J’espère qu’ils ont aussi le sentiment qu’elle est leur héroïne. C’est une femme tellement remarquable.
Casey Rentz est un écrivain scientifique et artiste vivant à Los Angeles.