Le projet envisagé dès 2013, cette biographie riche et audacieuse retrace en sept épisodes les trois premières décennies de la carrière de l’homme d’affaires, décédé en octobre 2021. Cette série sur Bernard Tapie, tant espérée que contestée, est indéniablement parmi les temps forts de la rentrée.
Le parcours exceptionnel d’un bavard hors norme
Bernard Tapie a eu tant de vies qu’il est difficile de le définir brièvement. Président de l’OM, chanteur, homme politique, propriétaire d’Adidas ou encore détenu, peu importe qu’on l’adore ou qu’on ne l’aime pas, il est une personnalité à la trajectoire unique et digne d’un roman. Il n’est donc pas surprenant de voir une partie de sa vie adaptée sous forme de série, qui commence en 1966, lorsqu’il tentait une carrière dans la chanson face à Michel Polnareff, avant de vivre ses premières expériences, plus ou moins fructueuses, dans le monde des affaires, qui deviendrait son terrain de jeu.
Homme à la détermination inégalée et prêt à tous les sacrifices pour réaliser ses objectifs, Tapie devrait être représenté dans la série sous la forme d’un autodidacte à l’américaine, un gamin issu d’un milieu modeste qui a tout fait pour sortir de sa condition sociale – n’hésitant pas à franchir toutes les lignes – et qui a trouvé un second chez lui à Marseille, où il a su jouer des sentiments populaires contre « l’élite parisienne ». Car comme le chante Polnareff (Love Me, Please Love Me) dans la bande-annonce de la série, Tapie aspirait aussi à être aimé, ce qui l’a conduit à soigner très tôt son image publique, notamment à travers des publicités mémorables pour Wonder et Cœur Assistance.
Avec son bagout exceptionnel – on verra ses débuts en tant que vendeur de téléviseurs à domicile -, Tapie a toujours cultivé son propre mythe, et la série devra atteindre le bon équilibre pour garder une distance critique des épisodes les plus houleux de sa vie, de l’affaire VA-OM à ses reprises d’entreprises en difficulté, en passant par sa brève implication dans un gouvernement de gauche sous François Mitterrand au début des années 1990, avant donc ses premiers démêlés judiciaires sérieux et son incarcération en 1997 qui devrait marquer la fin du dernier épisode.
Un biopic qui revendique sa subjectivité
Mais avec son style flamboyant et bling-bling, Bernard Tapie incarne aussi une certaine conception de la quête de la réussite des années 1980, ce qui devrait permettre à la série d’offrir aux spectateurs des décors et des costumes aussi exubérants que le personnage principal.
Il faut comprendre que les deux créateurs de la série – le réalisateur Tristan Séguéla et le scénariste Olivier Demangel – ont probablement eu le temps de peaufiner ce projet en gestation depuis une dizaine d’années, lorsque le premier a été frappé par la ressemblance de Laurent Lafitte avec Bernard Tapie sur le plateau de son premier film, 16 ans… ou presque (2013).
C’est ce qui explique pourquoi l’acteur de la Comédie-Française interprète ce rôle principal exigeant, avec quelques prothèses au niveau du visage. Il sera entouré d’un casting intrigant, avec notamment Joséphine Japy dans le rôle de Dominique Tapie, Fabrice Luchini pour une rare apparition à la télévision, Camille Chamoux (La Flamme), Hakim Jemili (Docteur ?) et Sarah Suco (Les Éblouis).
Il reste à espérer que la controverse actuelle avec la famille de Bernard Tapie n’éclipsera pas trop le contenu de la série, qui est d’ailleurs ouvertement présentée comme une fiction inspirée de faits réels, et non comme un biopic précis. Et on peut faire confiance à Tristan Séguéla – fils du publicitaire Jacques Séguéla, ami de Bernard Tapie – pour ne pas trop ternir la légende de celui qui n’est plus là pour se défendre. Après tout, le titre anglais de la série sera Class Act.
Les épisodes de 1 à 7 de Tapie seront diffusés le 13 septembre sur Netflix, et seront disponibles avec CANAL+.