Le photographe Fabrice Monteiro évoque le spectre de la ruine environnementale
Lorsque Fabrice Monteiro revient dans son Afrique de l’Ouest natale après 20 ans passés à l’étranger, il avait envie de faire du surf. Mais de vieux filets de pêche recouvraient le rivage ; le sang des abattoirs jaillissait dans la mer ; des sacs en plastique ornaient les arbres comme des feuilles noires. « Cela a été un choc pour moi de constater à quel point tout était devenu pollué », raconte le photographe. Pour mettre en lumière les problèmes écologiques les plus graves du Sénégal, Monteiro s’est associé à Ecofund, un groupe environnemental, pour une série de photographies mettant en vedette un « djinni », ou génie surnaturel, mettant en garde contre la folie de l’humanité d’une manière que les enfants locaux pourraient également comprendre. Ce djinn, vêtu d’un costume du couturier sénégalais Doulsy utilisant des déchets superposés selon le temps de décomposition, domine un vaste site d’incinération d’ordures à l’extérieur de Dakar où 1 300 tonnes de déchets sont déposées chaque jour. Le djinn détourne le regard de la caméra, vers, selon votre point de vue, un horizon plus vert ou un abîme fumant.