Le projet “Shtar Academy”, sorti ce vendredi, réunit les rappeurs Sofiane, Rim-K, Heuss L’Enfoiré, Le Rat Luciano entre autres, et quatre détenus de la prison de Fresnes. C’est la réalité de la prison, loin des clichés, que les détenus ont voulu faire entendre.
A la première écoute des morceaux, il y a des productions lourdes, et des mots aiguisés, un hip hop très bien produit. Et puis, soudain le fond se fait évident : les textes parlent tous ou presque de cellules, de quotidien empêché, de permissions, de condamnations…
Shtar (prison, en argot, ndlr) Academy volume 2, ce sont 21 morceaux pour autant de rappeurs invités, de Sofiane à PLK, en passant par Rim-K, Rémy ou Leto, et quatre détenus de Fresnes, sélectionnés sur audition entre les quatre murs de la prison. Parmi eux, Rayan: “Le rap a toujours été ma passion, ce qui m’anime, même si les péripéties de la vie m’en ont écarté“. Il parle de ce projet comme d’une “thérapie“.
A l’origine du projet, Mouloud Mansouri. A la tête de son association Fu-Jo, qui organise concerts et activités dans les prisons, il a co-réalisé l’album, se démenant pour obtenir toutes les autorisations, avec toutes les contraintes d’usage, les textes étant vérifiés par l’administration pénitentiaire.
L’enfer de la prison, il se lit entre les mots. Y faire entrer la culture n’a jamais été simple, encore plus depuis que des images de détenus de Fresnes faisant du karting, même si l’activité avait été validée, ont suscité des réactions très politiques le mois dernier. “Les détenus ont du mal à raconter ce qu’ils vivent, paradoxalement, explique Mouloud Mansouri. Ils vivent avec des rats, des cafards, des puces de lit, Rayan a des rages de dents qui durent un mois et il ne peut pas se faire soigner. Tu ne peux pas critiquer un truc que tu ne vis pas“.
Car finalement pour les détenus, cet album, c’est aussi beaucoup d’espoir : “Ce que je leur dis toujours, c’est que c’est votre carte de visite, maintenant faites en sorte de confirmer derrière.”